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Projet de recherche STIM-MOTANA

17/02/2022

Le deuxième projet STIM-MOTANA est d’étudier l’activité cérébrale motrice sous anesthésie générale dans le but de mieux détecter les réveils peropératoires.

Se réveiller pendant une intervention chirurgicale est une expérience terrifiante pour les patients. On nomme ce type de phénomène “un réveil peropératoire durant l’anesthésie générale" (en anglais Accidental Awareness during a General Anesthesia; AAGA) et se définit comme étant un réveil inattendu du patient sous anesthésie générale. Cette situation apparaît lorsque l’anesthésie générale n’est pas assez profonde pour compenser l’ensemble des stimulations chirurgicales liés à l’opération. On considère que le nombre d'AAGA dans les pratiques à haut risque oscille entre 1 et 2%. A titre d’exemple, en France, ce sont environ 7 millions d’anesthésies générales qui sont dénombrées, soit plus de 13 000 cas potentiels d’AAGA chaque année. Le problème est que ce type de réveil peropératoire peut provoquer une souffrance physique ou engendrer des séquelles psychologiques nommées syndromes de stress post-traumatiques (ou Posttraumatic stress disorder - PTSD ). Les PTSDs consécutifs peuvent durer plusieurs années et causer des effets psychologiques graves allant jusqu’au suicide. Actuellement, la surveillance de la profondeur d’une anesthésie peut être réalisée en observant les signes cliniques du patient ou en analysant une partie du signal électroencéphalographique (EEG), essentiellement au niveau du cortex frontal. Malheureusement, ni les signes cliniques, ni les nouveaux index cérébraux utilisant une partie du signal EEG ne sont aujourd’hui satisfaisants pour évaluer efficacement la profondeur d’une anesthésie générale et encore moins pour prévenir un AAGA.

Positionnement du projet Stim-MOTANA
Je ne pouvais pas respirer, je ne pouvais pas bouger ou ouvrir mes yeux, ni même dire aux docteurs que je n’étais pas endormi”. Ce témoignage montre que la première réaction d'un patient est généralement de bouger pour alerter le personnel médical de cette situation terrifiante. Malheureusement, pendant la majorité des interventions chirurgicales, le patient est curarisé, ce qui provoque un blocage neuromusculaire et empêche tout mouvement de celui-ci.

L’innovation proposée par le projet STIM-MOTANA est d’étudier l’activité cérébrale motrice sous anesthésie générale dans le but de mieux détecter les réveils peropératoires.

En théorie, la détection d’une intention de mouvement est possible en analysant le signal EEG du cortex moteur via une interface cerveau-ordinateur (BCI). En effet, la phase de préparation ainsi l'exécution d’une intention de mouvement présentent des variations de puissance (i.e., Event-related (de)-synchronization) dans les bandes alpha et bêta du signal EEG. La stimulation électrique du nerf médian induit également des changements de l’activité corticale visible dans le signal EEG et comparable à une intention de mouvement. Ce qui est intéressant, c’est que lorsqu’une intention de mouvement de la main intervient en même temps qu’une stimulation du nerf médian, la signature corticale dite ERD/ERS% est amplifiée et peut être détectée par une BCI. Une des grandes originalité de ce projet est d’exploiter ce phénomène pour mieux détecter les intentions de mouvement. Ce projet a initialement démarré en France au CHRU-Nancy dans le cadre de la thèse de Sébastien Rimbert (réalisée à l'Inria Nancy Grand-Est) et se poursuit actuellement au CHU de Brugmann (Dr. Denis Schmartz) avec la collaboration de l'Université Libre de Bruxelles (Dr. Sébastien Rimbert, Dr. Ana Cebolla, Pr. Guy Cheron, Laboratoire de Neurophysiologie du Mouvement et le soutien financier du FNRS et de la Fondation Brugmann.